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Renforcer les droits du travail pour prévenir la traite des êtres humains et la migration périlleuse

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Résultat de la Conférence Globale sur la prévention de la traite des êtres humains et de la migration périlleuse

1 mai 2019

 Bomsa 1 may
 Des femmes de BOMSA, une organisation membre de la GAATW au Bangladesh dans une manifestation en mai 2014 à Dacca.

Quarante-cinq représentants de trente-cinq organisations en faveur des droits des femmes, des migrantes et contre la traite des êtres humains de 28 pays se sont rencontrés entre le 3 et le 5 avril 2019 à Bangkok, Thaïlande, pour discuter sur les succès et les échecs des initiatives en cours pour prévenir la traite des êtres humains et la migration périlleuse.

Nous avons encore une fois constaté que la traite des êtres humains et autres violations des droits dans le contexte migratoire pour le travail sont à la base, le résultat de plusieurs causes structurelles. Parmi celles-ci, on trouve l’injustice économique causée par les politiques néolibérales de privatisation, de dérégulation et d’austérité, qui se croisent avec le patriarcat et le racisme pour dévaluer et rendre le travail des femmes informel, notamment pour les femmes migrantes et racialisées.

Dans le but de prévenir la traite des êtres humains et les violations des droits, les Etats doivent s’adresser aux causes fondamentales dans le cadre de leurs engagements avec les droits de l’homme et les objectifs de développement durable. La société civile a besoin défendre les changements structuraux des systèmes de domination basés sur la race, le sexe et la classe sociale et rendre les gouvernements responsables pour leurs échecs dans la protection des droits de l’homme pour toutes les personnes. Les initiatives en cours pour prévenir la traite à travers l’engagement avec le secteur privé et la réduction de la demande de la traite, les activités et les campagnes de sensibilisation et l’information pour les migrantes (potentielles) ne sont pas suffisantes et n’arrivent pas à adresser les relations de pouvoir asymétriques entre les travailleurs⸱es et les employeurs.

Nous avons reconnu qu’une forme d’engagement du secteur privé a pu contribuer à l’objectif de réduction de l’exploitation et de la traite. Cependant, la motivation pour promouvoir la responsabilité corporative et sociale, les auto-vérifications et le rapport des mesures prises pour assurer la non exploitation dans les chaînes logistiques conçoivent une réalité où le capital s’auto-régule pour que les Etats n’interviennent pas. Ceci absout les Etats de toute responsabilité, affaiblit les groupes collectifs de travailleurs⸱es et ignore la structure de production pour privilégier la responsabilité des employeurs individuels et des entreprises.

Ce type d’initiatives ne mettent pas en question le modèle économique dominant qui s’appuie sur la main d’œuvre des migrant⸱es sous-payées. Au contraire, elles les approuvent. N’importe quelle solution dans le secteur privé doit être développée dans un dialogue sérieux avec les employé⸱es.  

Les mesures de « demandes définitives » pour prévenir la traite des êtres humains dans l’industrie du sexe à travers la criminalisation de l’achat de services sexuels finissent par affecter les femmes dans ce secteur et ne contribuent pas significativement à la réduction du travail du sexe ou de la traite. Les mesures pour arrêter la demande de main d’œuvre exploitée et venue de la traite, dans l’industrie du sexe ainsi que d’autres, ont besoin de concentrer leurs efforts pour minimiser les attitudes sociales qui normalisent l’abus, la maltraitance et l’exploitation des migrant⸱es et des femmes, ainsi que de renforcer le pouvoir de négociation des travailleurs⸱es.  

Nous avons constaté que la conscience du public général sur la traite des êtres humains est faible et il faut que cela change pour que les gens puissent se protéger et informer les personnes qui ont été (potentiellement) victimes de la traite et exploitées aux services de soutien. Également, nous avons constaté que les campagnes de sensibilisation sont souvent basées sur des suppositions et ne s’appuient pas sur la recherche et les preuves. Les activistes contre la traite des êtres humains doivent mettre en question leurs suppositions constamment et sérieusement pour garantir qu’ils sensibilisent sur la bonne problématique et qu’ils s’adressent au bon public. Les activistes qui prônent la sensibilisation doivent commencer par eux-mêmes. Nous avons besoin d’assurer que les activités de prévention soient basées sur les vrais besoins des migrant⸱es et des groupes en risque et non de ce que nous considérons qu’il leur faut. Ces activités doivent inclure la participation significative des personnes qui recevront ces bénéfices et leur permettre de parler de leurs problématiques.

Nous avons été d’accord sur le fait qu’il est nécessaire de contacter les migrant⸱es potentiel⸱les dans leurs pays d’origine et de destination et leur fournir l’information sur la migration et la loi du travail, des conditions de travail décentes, leurs droits et leur indiquer où chercher de l’aide en cas de violation de leurs droits. L’information est un outil puissant et elle permet de réduire les risques de traite. Cependant, notre expérience collective montre également que même les personnes qui migrent avec toute l’information nécessaire, par les voies régulières et pour travailler dans des secteurs du travail réglementés, peuvent être victimes de violence, d’harcèlement et d’exploitation. La capacité des migrant⸱es pour agir avec l’information qu’elles/ils ont peut être différente selon leur sexe, race, caste, classe sociale, dette et nationalité, aussi que les systèmes régulateurs et les structures économiques dominantes. Par ailleurs, les travailleurs⸱es peuvent être victimes d’exploitation dans leur propre village, ville, pays, ou même dans leur foyer, dans le cas des personnes travaillant à domicile.  

Enfin, la traite et l’exploitation sont le résultat d’un déséquilibre de pouvoir entre l’employé⸱e et le patron. Ceci est applicable pour les migrant⸱es aussi que pour les ressortissant⸱es et les individus dans le secteur formel et informel de l’économie. Compte tenu de la sous-estimation généralisée du travail des femmes, leur exploitation dans certains secteurs « féminisés » est pratiquement normalisée.    

Ceci dit, nous avons conclu que les gouvernements dans les pays d’origine et de destination ont besoin de renforcer et d’améliorer les droits et les protections du travail dans le but de prévenir la traite, l’exploitation et d’autres violations des droits dans le contexte du travail. Cela comprend la reconnaissance et la protection du travail dans les secteurs non réglementés, par exemple, le travail domestique et sexuel et pour les travailleurs⸱es à domicile et freelance. Ceci implique également l’interdiction des frais de recrutement, l’abolition de politiques restrictives sur les travailleurs⸱es migrant⸱es, par exemple les visas des employé⸱es domestiques, qui leurs permettent de changer d’employeur, et tous les individus, notamment les migrant⸱es et ceux qui se trouvent dans le secteur informel, à organiser et rejoindre des groupes. Enfin, cela signifie le renforcement des systèmes d’inspection du travail, pour que les conditions de travail puissent être surveillées efficacement et pour que les abus soient dénoncés, ce qui met les droits du travail des travailleurs⸱es migrant⸱es régularisé⸱es et non régularisé⸱es au-dessus des offenses administratives. 

Des représentants des organisations suivantes ont été présentes dans l’évènement :

L’Asie : Srijan Foundation/Jharkhand Anti-Trafficking Network, en Inde ; Association for Community Development, au Bangladesh ; Migrant-rights.org, au Qatar ; Legal Support for Children and Women, au Cambodge ; Alliance Against Trafficking in Women and Children in Nepal, au Népal ; Foundation for Women, en Thaïlande ; Legal Resources Centre (LRC-JKHAM), en Indonésie ; Yasanti, en Indonésie ; Transient Workers Count Too (TWC2), au Singapour ; Anti-Racism Movement, au Liban ; AMEL Foundation, au Liban ;

L’Afrique : Platform for Labour Action, en Ouganda ; Organization for prevention, rehabilitation and integration of female street children (OPRIFS), en Ethiopie

L’Europe: La Strada, en République Tchèque ; Focus on Labour Exploitation (FLEX), au Royaume-Uni ; CoMensha, aux Pays Bas ; FairWork, aux Pays Bas ; Open Gate/La Strada, dans la Macédonie du Nord ; Ban Ying, en Allemagne ; Pro Tukipiste, en Finlande ; Victim Support Finland, en Finlande ; La Strada, en Ukraine; Novi Put, en Bosnie-Herzegovine

L’Amérique : Brigada Callejera de Apoyo a la Mujer, “Elisa Martínez”, A.C., au Mexique ; Instituto para las Mujeres en la Migración, AC (IMUMI), au Mexique ; Associacao de defesa da mulher, da infancia e da juventude (ASBRAD), au Brésil ; Safe Horizon, aux Etats-Unis ; Freedom Network, aux Etats-Unis ; International Labour Rights Forum, aux Etats-Unis ; Supporting Women’s Alternatives Network (SWAN), au Canada ; Corporación Espacios de Mujer, en Colombie ; Sindicato de trabajadoras domesticas (SINTRASEDOM), en Colombie; Asociación civil de DDHH mujeres unidas migrantes y refugiadas en Argentina (AMUMRA), en Argentine; Capital Humano y Social (CHS) Alternativo, au Perou.